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Le miel va-t-il devenir un aliment rare ?

Depuis quelques années, la mortalité des abeilles augmente fortement. À tel point que l’on s’inquiète pour l’avenir du plus vieux des produits sucrés utilisés par l’homme : le miel.

De 1995 à 2009, la production de miel en France est passée de 32 000 tonnes à moins de 20 000, pour frôler les 10 000 tonnes en 2017. Comme nous en dévorons autour de 40 000 tonnes, nous devons de plus en plus nous tourner vers l’importation.

Pourquoi la production de miel diminue-t-elle ?

Les abeilles ont un taux de mortalité hivernale en moyenne de 25 à 30 %, alors qu’il était de 5 à 10 % il y a 30 ans, indique l’ITSAP (Institut Technique et Scientifique de l’Apiculture et de la Pollinisation).

Les causes ? Désordres climatiques, diminution de la biodiversité, pesticides puissants dont l’impact environnemental est mal évalué, vulnérabilité croissante des abeilles face au varroa (un acarien), frelon asiatique… La vie d’une abeille n’est pas de tout repos !

Certains apiculteurs doivent donc consacrer une partie de la ruche à la reconstitution de leur cheptel plutôt qu’à la production. Enfin, face à la concurrence des miels d’importation, des producteurs cessent leur activité.

La France est-elle particulièrement touchée ?

De 1980 à 2005, la France était le premier producteur européen grâce aux miels issus de zones de grandes cultures comme le colza ou le tournesol. C’est là où les abeilles ont été touchées en premier, à tel point que l’on a parlé du “mal français des abeilles”. Le problème s’est en fait étendu à d’autres pays d’Europe, aux États-Unis, à l’Argentine…

Quelles sont les solutions ?

Depuis que des études ont évalué le rôle pollinisateur des abeilles (selon l’INRA elles contribuent à la pollinisation de 75 % des cultures qui nourrissent l’humanité), leur fragilité n’est plus considérée comme une lubie d’apiculteur baba cool. En France, l’ITSAP a été créé pour faire le lien entre chercheurs et apiculteurs, afin de traduire les recherches en méthodes concrètes. Un plan français, Ecophyto, se fixe pour objectif de réduire de moitié le recours aux phytosanitaires dans l’agriculture d’ici à 2020. Peu à peu, on constate une progression des agricultures raisonnée et biologique, l’interdiction de certains pesticides, la protection et la favorisation de la biodiversité …

Le miel va-t-il devenir un luxe ?

Le prix du miel reste stable même s’il y a de grands écarts entre les miels premiers prix, souvent importés d’Asie, les miels de négociants obtenus par assemblage et les miels de producteurs. Les apiculteurs, désireux de valoriser leur production en vendant leur miel comme un produit de terroir à l’image du vin, placent leurs ruches dans des zones préservées pour obtenir des miels de cru aux saveur particulières. Pour porter un nom d’espèce, il doit contenir au moins 50 % du nectar dont il est issu : acacia, bruyère, châtaignier, thym, lavande, tilleul, oranger, sapin… On dénombre plus de 50 variétés. Une diversité bien réjouissante.

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